Out of my league

Sortie de mes trainers et de mon jean, j'ai un peu du mal a gérer. Toujours le vieu complexe de la fraude qui revient et que je repousse a coup de café. Pas vraiment de stress, juste l'impression de ne pas etre a ma place dans le centre trop vaste, clair, avec des gens en costume cravate dans les couloirs, et moi avec mon air de gamine a peine sortie de l'ecole. Un peu comme dans les mauvais reves ou on se voit aller a l'école en pantoufle.

Parce que je suis mieux en blouse, dans ma poussiere et mon labo, entre Gilsons et phosphore radioactif, mon ipod qui met mon cerveau en circuit ferme.
Pourtant je suis deguise en fille serieuse, avec pantalon noir, chaussures de fille et chemisier.

Quand le manager vient me chercher, je suis vaguement en train de me convaincre que je suis en train de faire le bon choix. Parce qu'il faudra bien bosser un jour, pour de vrai.
4 costumes cravates dans la piece, tous plus de 40 ans, pas une seule femme. Ca donne le ton. Du coup je m'efforce d'avoir l'air de savoir de ce que je parle, en étant direct, precise et efficace, ce qui est un peu loin des attributs habituels de l'académique [personnelement, je suis bordelique, brouillonne et hyper-enthousiaste].
L'habituel "Tell us about your background". Refrener l'envie de rabattre "nothing much, just the usual dodgy science". Essayer d'etre claire. L'impression d'etre devant le directeur de l'ecole primaire, du college, du lycee et de mon grand pere. En gros, des gens qui m'ont toujours considéré comme une gamine qui n'a pas grand chose a dire et qu'on écoute d une oreille.

Tentative d'explication de ce que je veux faire du projet, dans un domaine que je ne maitrise absolument pas. Le bullshitage n'est jamais vraiment loin, mais en meme temps, comme exprimer des idees alors qu on ne connait pas le domaine sur lequel on est cense cause?

Bref, des questions un peu tordues, auxquelles je donne des reponses foireuses, les mots que je sors ne refletent absolument pas ce que je veux dire.

Je suis la 12 eme a passer aujourd'hui, sur un total de 16 personnes toutes plus qualifiees que moi. Hmpf.

Ils prennent une decision ce soir, resultats dans la semaine.

Rien de bon, je pense...

Avoir le job, c'est peut etre une porte de sortie vers des boulots moins ephemeres qu'en academia. C'est aussi un an de plus loin de lui.
Ne pas avoir de job, c'est le retour a la case depart, l'incertitude, mais la liberte de choisir de demenager demain, ou le mois prochain.

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