La tartine tombe toujours du mauvais cote

Quand au saut du lit, on met le pied sur la brosse a cheveux, qu'on se rattrape a la table de chevet, qui penche et fait tomber les lunettes, qui se retrouvent sous le lit, qu'on tourne autour du lit pour trouver les autres lunettes, qu'on se prend les pieds dans le fil du seche cheveux, que Queen of the Stone Age hurle volume 24 a s'en crever les tympans, qu'on grince deja des dents en depit du fait qu'il faudrait juste les serrer et courir au boulot, alors la, la, on sait que la journee est partie pour etre une de ces vastes farces qui font que le lendemain ne pourra etre que meilleur.

La polo roule trop vite sur la route de la ferme, et les vendeurs d'aspirateurs en BM, la veste de costard pendue a un cintre a l'arriere me forcent a finir dans le fosse par trois fois. Comme chaque matin, je me dis qu'un jour je vais peter un cable, arreter la voiture au milieu de la route, sortir et aller crier sur quelqu'un choisit au hasard, n'importe lequel. La suite est une journee un peu banale, un peu conne, ou les barettes tombent a terre, rebondissent et roulent sous les placards, sous les frigo, ou les tubes explosent dans la centrifugeuse, ou l'ARN est contamine a l'ADN, ou Dr. K. me rend folle en me repetant 6 fois "Aimelyyyy, you don't understand about writing a thesis".

Les cheveux ne restent pas coinces derriere l'oreille, mais passent leur temps a glisser devant l'oeil gauche, me transformant en epagneul en colere, ce qui est vraiment pas top. Une fois au bar pour le tournoi de billard, la malchance s'installe a coup de fautes cons.

Retour a la ferme, je m'assoit devant une assiette de soupe a 90 calories a tout casser. Pendant ce temps, un des chiens gratte ses puces a cote de mon manteau, alors qu'un autre est en train de manger mon echarpe. Respirer.
Le journal de la semaine precedente est plein de nouvelles qui semblent encore fraiches, mais a peine a la deuxieme page que ma logeuse arrive, prete a engager une conversation polemique sur les nitrates dans le sol, ce qui est loin d'etre mon sujet de discussion favorite a 22h10, quand mes articles sur l'ARN bicistronique m'attendent a l'etage.

Du coup je m'endort en etant presque reconnaissante que le jour finisse.

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