Dual personnality

Des le debut de cette annee, j'ai migré vers le fond du bureau, la ou le troisieme PC etait souvent libre. Petit a petit, on a vu des translocations de piles de livres et de montagnes de bouquins, plus ou moins stables. Mon bureau est devenu seulement un endroit de plus ou jeter mes cles et mon sac le matin, le reste de ma journee, je le passe enchaine au PC, dont j'ai colonise les environs, en soupirant, le regard un peu mort, devant le nombre d'heures a enchainer.

Avec les mois qui defilent, le manuscript qui n'avance pas, les resultats qui n'ont pas de sens, la longueur des journee, on oublie vite l'exitation des premiers mois, l'enthousiasme, les grandes ambitions. La plupart de mes collegues sont blasés, suremment a cause de la conjoncture qui est loin d'etre rose. Rien de palpitant dans nos journee, seulement la conviction que rien ne vas jamais, je tout est plus ou moins foutu.

Alors a 15h00 tapante, j'ai pris le telephone, sorti mes notes, et contacté les responsables d'une fellowship dans le coin, un peu differente. Envie de le faire, sortir du bourbier ou on s'enlisent tous, ces jours ci. Plus ou moins consciente aussi que ce ne serait toujours pas un vrai job, juste une annee de sursis pour se fabriquer des lignes de plus sur le CV. La paie est bonne, quoique toute paie semble bonne apres un an de prestations gratuites. Selection apparemment simple, sur entretien telephonique et presentation d'une proposal de quelques pages si la responsable est enthousiasmée.

En prenant le telephone, j'ai aussi sorti ma panoplie de conference, un peu comme un masque. Mimile va mourir dans un coin, c'est le Satanas qui resort, mon Satanas un peu bizarre, a l'accent francais moins prononcé, au prononciations plus aiguisée, au ton de voie plus metallique. Le Satanas enthousiaste, des grands jours, qui parle de son projet avec une voie enjouée, ressort tous les buzz words de la panolie, prend des notes, avance les arguments, vend sa science comme on vend des aspirateurs. Mimile, pendant ce temps, cachée sous son bureau, fait son academique en se demandant ou le Satanas sous ephedrine va l'emmener. Au bout du fil, l'euphorie est presque palpable. Satanas fait tout ce que Mimile deteste. Satanas note des mots, les reutilise la phrase d'apres, montre son enthousiasme. Mimile soupir, pense que c'est prostitue la science, Satanas persifle, et lui dit que quand elle pourra changer ses baskets, elle sera bien contente. Apres tout c'est qu'un an, c'est une bonne experience, c'est different, ca vaut le coup. Et on ne crache pas sur une fellowship.

Du coup, Satanas et moi passons en phase 2 de selection. Il parait que les gens aiment Satanas, comme a Shanghai, oú Satanas s'est fait plein de nouveaux amis. Parce que Satanas est plein de sourires, de bonnes paroles, d'assurance et de confiance en soi. C'est Satanas qui me pousse a sortir, a entrer dans des bars inconnus pour retrouver des amis, me pousse a traverser la salle plutot que de raser les murs. Ouvrir la conversation, sourire, poser la bonne question. Etrange comme les gens semblent attires par les Satanas. Sentiment d'etre un imposteur, parce que moi c'est Mimile, l'autre ce n'est qu'une facade. Pas que je ne pense pas ce que dis le Satanas, seulement que je ne l'approuve pas. Parce que Mimile est academique, introvertie a tendance phobique sociale.

C'est ces jours ci ou j'ai peur que les gens ne me voient pas comme je suis vraiment.
Bon autrement, je suis en phase 1 du sevrage de Kit-kat, avantageusement remplacées par des cacahouettes a decortiquer. Satanas, c'est peut etre un des effets secondaires du sevrage...

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